Colloque international du CRISES

Participation au colloque du CRISES. Les innovations sociales à l'épreuve des crises : foyers de résistance et de transformation

Du 14 avril 2025 au 16 avril 2025

Montréal

À l'occasion du colloque international du CRISES (Centre de recherche sur les innovations sociales) de l'université du Québec (UQAM), nous avons présenté une communication traitant du modèle d'affaires alternatif, à la lumière des économies de la grandeur (Boltanski et Thévenot, 1991).

En nous inscrivant dans le courant critique des organisations alternatives, cette communication cherche à révéler des « pratiques dynamiques, viables et non capitalistes qui incarnent des valeurs politiquement radicales et socialement progressives » (Parker et al., 2014, p. 19) conduisant à la construction d’un modèle d’affaires alternatif. Pour cela – et pour nourrir la sous-thématique 1 du colloque –, nous nous intéressons aux expérimentations d’un modèle d’affaires permettant à une Société Coopérative d’Intérêt Collectif (SCIC)  d’assurer à la fois une viabilité économique et le maintien de son caractère démocratique et alternatif (Maroudas & Rizopoulos, 2014).

Le Business Model peut être défini comme une représentation conceptuelle formelle de la manière dont une organisation créée et distribue la valeur (Baden-Fuller & Morgan, 2010; Boons & Lüdeke-Freund, 2013; Massa et al., 2017; Teece, 2010). Le modèle d’affaires renvoie à des conventions exprimant une philosophie « gestionnaire » qui définit et explicite « ce qui est considéré comme une ressource et ce qui est pris comme une fin » (Hatchuel et Moisdon, 1993, p.22). Dans la littérature sur les modèles d’affaires, les conventions sont centrées sur la valeur économique produite pour le client (Chesbrough & Rosenbloom, 2002; Zott et al., 2011). Toutefois, ces conventions peuvent incarner d’autres visions de l’organisation pour construire et faire vivre un modèle d’affaires alternatif.

Pour étudier ces conventions, nous analysons le concept de valeur à travers l’économie de la grandeur (Boltanski et Thévenot, 1991) qui pose que l’alternative nait d’un processus de (dis)-qualification des valeurs dans lequel les valeurs écologiques et sociales sont des fins et les valeurs économiques des moyens.

L’objectif de la recherche est de repérer comment les valeurs, exprimées par les différentes parties prenantes impliquées dans la SCIC, permettent de structurer un modèle d’affaires alternatif.

Cette communication s’appuie sur l’analyse qualitative (entretiens, observations participantes et données secondaires) de la SCIC GRAP (Groupement Régional pour une Alimentation de Proximité), qui héberge et accompagne des activités de transformation et de distribution orientées vers les filières biologiques et paysannes en Rhône-Alpes depuis 11 ans. Fondé sur un modèle d’affaires robuste, GRAP met pourtant en œuvre des pratiques de démocratie directe et de solidarité entre ses salariés, entre les activités sociétaires et entre territoires et prend des risques pour mener à bien des projets peu rentables mais qu’il considère comme utiles et nécessaires. Cette communication décortique ces pratiques à la lumière des mondes communs de Boltanski et Thévenot (1991) afin de proposer une analyse originale du modèle d’affaires alternatif.